Laser endoveineux ou radiofréquence : quelle différence pour traiter les varices en 2025 ?

Introduction
L’insuffisance veineuse chronique, dont les varices sont la manifestation la plus visible, est une pathologie extrêmement répandue en Tunisie. On estime que plus de 15% de la population de plus de 40 ans présente des varices significatives, avec des conséquences allant de l’inconfort esthétique à de sérieuses complications médicales comme les ulcères ou les phlébites [1]. Pendant des décennies, Le traitement de référence était le stripping chirurgical, une intervention efficace mais invasive, nécessitant une anesthésie générale et une convalescence prolongée.
Heureusement, le paysage thérapeutique a été révolutionné au cours des 20 dernières années par l’avènement des techniques endoveineuses. Ces méthodes minimalement invasives permettent de traiter la veine malade de l’intérieur, sans avoir à l’arracher. Deux technologies dominent aujourd’hui ce domaine : le laser endoveineux (EVLA) et la radiofréquence (RFA).
En 2025, ces deux options sont devenues le standard de soins en Tunisie et dans le monde. Mais pour un patient confronté à la nécessité d’un traitement, la question se pose inévitablement : quelle est la différence ? L’une est-elle meilleure que l’autre ? Cet article propose une comparaison détaillée, basée sur les données scientifiques les plus récentes, pour vous aider à comprendre les spécificités de chaque technique et à dialoguer de manière éclairée avec votre chirurgien vasculaire.
Le principe commun : l’ablation thermique endoveineuse
Avant de comparer le laser et la radiofréquence, il est essentiel de comprendre qu’ils partagent le même objectif et le même principe fondamental : l’ablation thermique endoveineuse. Le but est de détruire la veine principale défaillante (le plus souvent la grande veine saphène, à la face interne de la cuisse et de la jambe) pour éliminer la source du reflux sanguin qui alimente les varices.
La procédure, réalisée sous simple anesthésie locale, se déroule de manière similaire pour les deux techniques :
- Repérage échographique : Le chirurgien cartographie la veine à traiter à l’aide d’un écho-doppler.
- Ponction : Une petite ponction est réalisée au niveau du genou ou de la cheville pour introduire un cathéter dans la veine.
- Mise en place de la fibre/sonde : Une fibre optique (pour le laser) ou une sonde (pour la radiofréquence) est glissée à l’intérieur de la veine jusqu’à sa partie la plus haute (près de l’aine).
- Anesthésie locale tumescente : Une grande quantité de sérum froid anesthésiant est injectée tout autour de la veine. Ce geste a un triple rôle : anesthésier parfaitement la zone, protéger les tissus environnants de la chaleur et comprimer la veine sur la sonde pour un contact optimal.
- Délivrance de l’énergie thermique : C’est ici que les deux techniques diffèrent. De l’énergie (lumineuse pour le laser, électrique pour la radiofréquence) est délivrée pour chauffer la paroi de la veine à une température élevée (environ 120°C).
- Retrait et occlusion : En retirant progressivement la sonde, le chirurgien coagule et ferme la veine sur toute sa longueur. La veine ainsi traitée va se transformer en un cordon fibreux qui sera progressivement résorbé par l’organisme en quelques mois. Le sang est naturellement redirigé vers les autres veines saines du réseau veineux profond.
Ce principe commun a prouvé son efficacité, avec des taux de succès supérieurs à 95% à 5 ans, quel que soit le procédé utilisé [2]. Les différences se situent donc dans les détails de la délivrance de l’énergie et dans l’expérience patient qui en découle
Le Laser Endoveineux (EVLA) : La puissance focalisée
Le laser (acronyme de Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation) endoveineux utilise l’énergie lumineuse pour atteindre son objectif. Une fibre optique très fine est introduite dans la veine, et son extrémité délivre une énergie laser qui est absorbée par la paroi veineuse et l’eau qu’elle contient.
Le mécanisme d’action
L’énergie lumineuse est convertie en chaleur intense au contact des tissus. Les premières générations de laser (autour de 810-980 nm) ciblaient principalement l’hémoglobine du sang. Cela fonctionnait, mais en “cuisant” le sang, cela provoquait plus d’inflammation, de douleurs et d’hématomes post-opératoires.
Les lasers modernes, utilisés en 2025, sont de nouvelle génération (longueur d’onde de 1470 nm ou 1940 nm). Ils ciblent spécifiquement la molécule d’eau présente en grande quantité dans la paroi de la veine. L’absorption de l’énergie est bien meilleure, permettant d’utiliser des puissances plus faibles pour un effet tout aussi efficace. La destruction de la veine est plus “propre”, avec beaucoup moins de dommages collatéraux.
En résumé : Le laser chauffe la veine de manière continue lors du retrait de la fibre, un peu comme une fermeture éclair thermique. La précision de la cible (l’eau de la paroi veineuse) a considérablement amélioré le confort du patient par rapport aux anciennes technologies laser.
Avantages et inconvénients
- Avantages : Grande polyvalence (efficace sur une large gamme de diamètres de veines), coût de la fibre souvent inférieur à celui de la sonde de radiofréquence, procédure très rapide.
- Inconvénients : Entre des mains moins expérimentées ou avec des lasers d’ancienne génération, le risque de douleurs et d’hématomes peut être légèrement supérieur à la radiofréquence.
La Radiofréquence (RFA) : La chaleur contrôlée
La radiofréquence utilise un courant électrique de haute fréquence pour générer de la chaleur. Au lieu d’une fibre optique, on utilise une sonde spécifique dont l’extrémité est un élément chauffant.
Le mécanisme d’action
La technologie la plus répandue (ClosureFast™) utilise une sonde qui chauffe un segment de 7 cm de la veine à une température précise et constante de 120°C pendant 20 secondes. L’énergie n’est pas délivrée en continu, mais de manière séquentielle. Le chirurgien traite un segment, puis retire la sonde de 7 cm et traite le segment suivant, et ainsi de suite sur toute la longueur de la veine.
Ce processus est entièrement automatisé. La machine contrôle la température et la durée, garantissant que chaque segment reçoit exactement la bonne quantité d’énergie pour être occlus, sans surchauffe ni carbonisation.
En résumé : La radiofréquence fonctionne comme un “fer à souder” interne qui ferme la veine par segments successifs, avec une température et une durée parfaitement contrôlées par un ordinateur.
Avantages et inconvénients
- Avantages : Procédure très standardisée et reproductible, excellente gestion de la température limitant les pics de chaleur. De nombreuses études montrent des douleurs et des hématomes post-opératoires statistiquement moindres par rapport au laser [3].
- Inconvénients : Coût de la sonde à usage unique généralement plus élevé, ce qui peut se répercuter sur le prix final de l’intervention. La sonde est légèrement plus rigide que la fibre laser, la rendant parfois moins adaptée aux veines très tortueuses.
Tableau comparatif : Laser vs. Radiofréquence en 2025
| Caractéristique | Laser Endoveineux (EVLA 1470 nm) | Radiofréquence (RFA ClosureFast™) |
| Principe | Énergie lumineuse convertie en chaleur | Courant électrique converti en chaleur |
| Mode d’action | Chauffage continu lors du retrait de la fibre | Chauffage séquentiel par segments de 7 cm |
| Contrôle | Contrôle de la puissance et de la vitesse de retrait par le chirurgien | Température et durée contrôlées par ordinateur |
| Douleurs post-op | Très faibles, légèrement supérieures à la RFA dans certaines études | Très faibles, souvent considérées comme la référence en termes de confort |
| Hématomes | Faibles, dépendants de la technique | Très faibles |
| Polyvalence | Très élevée, y compris sur veines sinueuses | Élevée, mais peut être limitée par la rigidité de la sonde |
| Coût en Tunisie | Environ 3000 – 6000 TND | Environ 4000 – 7500 TND (souvent légèrement plus cher) [4] |
| Efficacité à long terme | Identique (>95% de succès) | Identique (>95% de succès) |
Résultats à long terme et satisfaction des patients
Au-delà de la technique utilisée, ce qui compte vraiment pour le patient, c’est le résultat final. Heureusement, les données scientifiques sont rassurantes. Les études de suivi à 5 et même 10 ans montrent que le laser et la radiofréquence offrent des résultats comparables et excellents.
Taux de succès : Plus de 95% des veines traitées restent fermées à long terme, indépendamment de la technique. C’est un succès remarquable comparé aux anciennes techniques chirurgicales.
Satisfaction des patients : Les enquêtes de satisfaction montrent que plus de 90% des patients sont satisfaits ou très satisfaits du traitement, quel que soit le procédé utilisé. Les patients apprécient particulièrement le retour rapide à la vie normale et l’absence de cicatrices visibles.
Complications : Les complications graves (infection, thrombose veineuse profonde, lésion nerveuse) sont extrêmement rares avec les deux techniques, survenant dans moins de 1% des cas. Les complications mineures (douleurs, hématomes, engourdissements transitoires) sont aussi rares et généralement résolutives.
Conclusion : Le meilleur choix est celui de votre chirurgienn
Alors, laser ou radiofréquence en 2025 ? La réponse la plus honnête est que pour le patient, la différence en termes de résultat final est minime, voire inexistante. Les deux techniques sont extraordinairement efficaces, sûres, et représentent un bond en avant spectaculaire par rapport à la chirurgie traditionnelle. Le taux de succès à long terme est identique, et le retour à une vie normale est quasi immédiat dans les deux cas.
Les différences, subtiles, se situent principalement au niveau du confort post-opératoire immédiat (où la radiofréquence a un léger avantage théorique dans de nombreuses études) et de la polyvalence (où le laser peut être plus adapté à certaines anatomies veineuses complexes).
Finalement, le facteur le plus déterminant pour le succès de l’intervention n’est pas la machine, mais l’opérateur. Le meilleur choix est la technique que votre chirurgien vasculaire maîtrise le mieux et avec laquelle il a le plus d’expérience. Un chirurgien expert obtiendra d’excellents résultats avec l’une ou l’autre méthode. La discussion doit donc porter sur l’indication du traitement, les résultats attendus et les soins post-opératoires, plutôt que sur une guerre des technologies.
Vous souffrez de varices et envisagez un traitement ? La meilleure approche est de prendre rendez-vous pour une consultation spécialisée. Après un examen clinique et un écho-doppler précis, votre chirurgien pourra vous recommander la solution la plus adaptée à votre cas personnel, qu’il s’agisse du laser, de la radiofréquence, ou d’une autre technique complémentaire.
Références:
[1] Chirurgie-Vasculaire.tn. “Varices des membres inférieurs”. Données basées sur les estimations de prévalence générales. Disponible sur : https://www.chirurgie-vasculaire.tn/varices-des-membres-inferieurs/
[2] Proebstle, T. M., et al. (2015). “Five-year results from the prospective European multicentre cohort study on radiofrequency segmental thermal ablation for incompetent great saphenous veins”. British Journal of Surgery, 102(3), 212-218. (De nombreuses autres études confirment des taux de succès similaires pour le laser 1470 nm).
[3] Almeida, J. I., et al. (2011). “Radiofrequency endovenous closureFAST versus laser ablation for the treatment of great saphenous reflux: a multicenter, single-blinded, randomized study (RECOVERY study)”. Journal of Vascular and Interventional Radiology, 22(6), 797-806. (Une des études de référence montrant moins de douleur avec la RFA).
[4] Medigence. “Traitement endoveineux au laser (TEV) – Coût des varices en Tunisie”. Les estimations de coûts sont basées sur les données disponibles en 2024 et peuvent varier. Disponible sur : https://medigence.com/fr/hospitals/general-surgery/endovenous-laser-treatment-varicose-veins/tunisia